Association d'Assistants Familiaux Lorrains

Estime de soi

31-10-2017

5 Questions à Jérémy et Kareen, bénévoles dans l’équipe projet du lieu de vie : le Colibri

Tous deux n’avaient jamais été scout avant. Jérémy et Kareen nous présentent ce projet innovant, pour développer l’estime de soi en utilisant la méthode scoute de jeunes de 13 à 16 ans, placés par l’Aide Sociale à l’Enfance.

Jérémy : Psychologue spécialisé sur les jeunes adultes et public en difficulté et également apiculteur

Kareen : Directrice Générale du GAP (Groupement des Associations Partenaires) *

Alors que n’avez jamais été scout, pourquoi avez-vous accepté de faire partie de l’équipe bénévole du Colibri ?

<
>

Par amitié tout d’abord, nous connaissions depuis longtemps Jérôme Aucordier, directeur du projet. Jérémy et lui ont participé à des camps Plein Vents**. Kareen souhaitait faire partie de l’équipe projet pour vivre autrement ce qu’elle fait au quotidien dans son travail. Elle a voulu relever le défi de partir d’un terrain vierge, d’être dès le départ dans l’équipe projet pour voir comment créer un lieu de vie pour les enfants placés avec une autre méthodologie de projet.

Pourquoi est-ce si important d’éduquer les jeunes à la confiance en soi ?

Attention, la confiance en soi est différente de l’estime de soi. La confiance en soi c’est la capacité que l’on a à s’estimer à réaliser quelque chose de particulier. L’estime de soi renvoi à la croyance que l’on a de soi. La problématique importante ce n’est pas de se faire confiance mais plus de s’estimer. La confiance en soi est variable dans le temps elle peut fortement évoluer du jour au lendemain. Un jour on se sent capable, et le lendemain avoir des doutes. Alors que l’estime de soi est moins variable, c’est une dimension plus stable.

A travers vos vies professionnelles, vous rencontrez de nombreux jeunes en difficultés. Selon vous, comment aider les jeunes à développer leur estime de soi ?

Cela passe par la réalisation de projet et dans l’observation de sa réalisation. La réalisation d’action concrète permet aux jeunes de pouvoir visualiser ce qu’ils ont mis en place. Cette évaluation doit s’accompagner du regard valorisant de la personne qui compte particulièrement pour le jeune. Ce regard vient de personne qui compte et qui le fait grandir. Par ce regard bienveillant, par la réalisation d’action concrète l’estime de soi du jeune grandit.

Cette personne qui compte pour le jeune et qui pose ce regard, fait partie de son entourage proche. Ce n’est pas forcément le père ou la mère pour les jeunes en difficultés. Cela peut-être un oncle, une tante, etc. Ce sont des personnes sur lesquelles les jeunes s’appuient sans être forcément des personnes du quotidien. Il peut le voir 4 ou 5 fois dans l’année, mais le regard de ce référent va développer le jeune d’une manière stable. Mais si au domicile le jeune est rabaissé, les résultats attendus par les partenaires externes resteront alors minime.

Concrètement, en quoi le projet du Colibri aide les jeunes placés par l’Aide Sociale à l’Enfance, à développer leur estime d’eux ?

Le projet éducatif mis en place au Colibri s’appuie sur la méthode projet. Les jeunes vont pouvoir réaliser des projets, les évaluer (mettre des mots sur ce qu’ils sont capables d’accomplir) et d’identifier les compétences utilisées. Ils les réalisent en confiance avec les éducateurs. Parallèlement, un travail est fait pour rétablir le lien avec la famille et l’entourage du jeune.

Comme dans la méthode scoute, les réalisations seront célébrées. La famille et les proches des jeunes seront invités pour célébrer et visualiser l’action réalisée. Ainsi, les proches vont pouvoir voir et reconnaitre les réalisations du jeune. Cela lui apportera une fierté et augmentera son estime de soi.

Que retenez-vous de cette expérience ?

Nous avons été surpris de la rapidité de la création de ce projet. C’était intéressant d’accompagner l’évolution de ce projet sur une année. L’équipe mise en place pour démarrer le colibri est pleine de ressources. Tous les acteurs du projet se sont mobilisés et ont apporté leurs compétences bien différentes. Nous n’étions pas une équipe uniquement de spécialistes de l’aide sociale à l’enfance.

Le fait d’être mixte, d’avoir une responsable communication, un psy, des scouts ou des non-scouts, etc… , nous a permis d’échanger entre nous simplement, facilement et de produire des idées complémentaires. Kareena pu entrevoir de nouvelles pratiques avec cette même volonté de proposer des solutions innovantes et alternatives aux enfants relevant de l’Aide Sociale à l’Enfance.

* Le GAP est un groupement d'associations du Nord-Pas-de-Calais du secteur social et médico-social, œuvrant pour la protection de l'Enfance et de l'Adolescence en difficulté

** Dans les années 1990, à la suite de violentes émeutes urbaines, les Scouts de France organisent des Camps pour tous.