Association d'Assistants Familiaux Lorrains

Assistante familiale : « beaucoup plus qu’un métier »

16-12-2020

Désireux de désengorger son centre départemental de l’enfance, le Département de Moselle lance une vaste campagne de recrutement de cent assistants familiaux. Ce métier consiste à accueillir chez soi pendant plusieurs mois des enfants placés. Carole Ramos le pratique depuis un an et demi.

Par Philippe MARQUE - 26 nov. 2020 à 20:00 - Temps de lecture : 3 min

«La puce », comme elle l’appelle affectueusement, n’a pas quitté ses bras durant l’heure d’entretien que nous avons eue avec elle. Cette petite fille de trois mois n’est pourtant pas l’enfant de Carole Ramos. Pas plus que l’autre fillette de 19 mois en train de déménager son salon. La Mosellane de 46 ans est depuis mai 2019 assistante maternelle pour le compte du Département de la Moselle. Spécialisée dans l’accueil d’enfants de 0 à 6 mois, elle vit à son domicile du sud de la Moselle avec des enfants confiés à l’Aide sociale à l’enfance (ASE). Ceux qu’elle a en ce moment, ses premiers, sont placés par la Justice. « Ils connaissent un départ difficile dans la vie et je suis là pour leur apporter de l’amour et de la tendresse. Tout tourne autour d’elles. Ce sont les petites princesses », sourit l’assistante, entre un biberon donné à la plus petite et le ramassage des débris du bol que la plus grande vient de faire tomber.

Carole expérimente un nouveau dispositif d’accueil. Il consiste à tisser sur tout le territoire mosellan un réseau d’assistantes familiales capables de proposer de l’accueil d’urgence à proximité des familles. Quinze places ont été créées pour les enfants de 0 à 6 mois afin de leur éviter de démarrer leur vie en collectif à la pouponnière du Centre départemental de l’enfance de Metz. La quadragénaire ne manque pas d’expérience. Ex-secrétaire dans l’armée, mère de deux enfants de 20 et 18 ans, elle a été pendant treize ans nourrice agréée. En juin 2018, après avoir assisté à une réunion d’information, elle a décidé de s’orienter vers cette profession : « C’est bien plus qu’un métier. Il faut avoir la fibre, l’instinct parental. Cela nous fait revenir vingt ans en arrière. Mais on a plus d’expérience et de patience et je m’épanouis pleinement dans ce rôle. »

Toute la famille impliquée

La procédure pour obtenir l’agrément a duré près d’un an ( lire par ailleurs ). Son mari et ses deux enfants ont aussi été auditionnés. Car le métier de Carole va de pair avec leur implication. « Tous les membres de la famille doivent être en capacité d’encaisser cela », reconnaît Sébastien, son mari.

À le voir changer la couche de la grande ou à observer Caroline, leur fille de 18 ans, jouer avec elle dans le salon, on comprend vite que, chez les Ramos, tout le monde joue le jeu. « Notre inquiétude, c’était d’être un peu livrés à nous-mêmes. Mais au final, nous sommes très suivis et nous avons des échanges quasi quotidiens avec l’ASE. »

Chacun à sa place

Reste à gérer l’affect pour ceux qui se font appeler tata et tonton par les enfants. Dans la tête de Carole, tout est très clair : « On donne à ces enfants tout ce qu’on peut, comme si c’était les nôtres. Mais nous ne sommes pas là pour prendre la place de leurs parents. Forcément, ce sera dur de les voir partir. Mais on sait qu’ils vont rester en moyenne six mois pour retourner après chez eux ou dans une autre famille d’accueil. » Afin que le lien ne soit pas rompu avec les parents, elle les emmène d’ailleurs régulièrement en visite chez eux. Dans l’espoir qu’ils puissent un jour retrouver la place qui est la leur.