Association d'Assistants Familiaux Lorrains

Jeunes majeurs, assistants familiaux et autonomie : une nouvelle étude

13-11-2018

Plus soutenus, plus sécures financièrement : l’un des derniers volets de l’enquête ELAP (Etude longitudinale sur l’autonomisation des jeunes après un placement) s’intéresse au devenir des jeunes majeurs placés chez des assistants familiaux.

Ce document de travail à paraître prochainement apporte de nombreuses informations quant à l’impact du placement familial, au long cours et en fin de parcours à l’Aide sociale à l’enfance (ASE). Publié le 6 juillet 2018 sur internet, il fait partie de l’Étude longitudinale sur l’accès à l’autonomie des jeunes placés (ELAP), portée par L’institut national des études démographiques (INED) et réalisée auprès de jeunes de 17 à 20 ans pris en charge par l’ASE dans sept départements du Nord-Pas-de-Calais et de l’Ile-de-France entre 2013 et 2015.

Les jeunes de 17 à 20 ans en famille d’accueil sont le plus souvent entrés très tôt en placement familial, avant quatre ans pour la moitié d’entre eux. Ils sont moins sujets aux « parcours chaotiques » en protection de l’enfance que les autres et sont plus nombreux « à avoir une bonne perception de leurs conditions d’accueil » que ceux n’étant plus en famille d’accueil ou ayant toujours été accueillis en établissements.

Sur le plan de l’autonomie, ils « semblent moins préparés que les jeunes qui sont dans un autre type d’accueil à certaines tâches de la vie quotidienne » – savoir cuisiner, faire la lessive, respecter un budget – car « l’organisation familiale laisse en effet moins de place à ce type d’expérimentation que les autres types de prise en charge ». Il en va de même pour la recherche d’un emploi, d’un logement, ou de l’utilisation des dispositifs sociaux de droit commun.

Toutefois, les jeunes accueillis chez les assistants familiaux « développent d’autres capacités réelles, d’être ou de faire, moins accessibles aux jeunes en placement collectif ou placement « autonome » ». Ils passent ainsi plus souvent leur permis de conduire et « sont plus nombreux à avoir des économies et à connaître quelqu’un pour les dépanner en cas de difficulté financière ». Ils intègrent aussi mieux certaines règles – être à l’heure aux rendez-vous, régler ses factures, exercer son droit de vote.

En fin de prise en charge, le rôle de soutien de la famille d’accueil est fort et « sans commune mesure avec le rôle des autres professionnels de l’ASE ». Ce rôle dépasse même le cadre de l’ASE sur le plan de l’hébergement : entre 19 et 22 ans, 27% des jeunes restent hébergés en famille d’accueil, le plus souvent grâcieusement. Il s’agit d’une « véritable particularité de ce groupe de jeunes protégés » pour qui les assistants familiaux « tiennent ici un rôle de substitut parental ».

Les deux auteures concluent que les jeunes majeurs en famille d’accueil sont « plus entourés mais moins prêts que les autres à voler de leurs propres ailes ». Elles invitent à s’interroger sur la façon de soutenir et de reconnaître le rôle des familles d’accueil, qui représentent « un enjeu fort étant donné qu’elles assurent un filet de sécurité, un entourage support à la sortie du dispositif de protection de l’enfance ».