Association d'Assistants Familiaux Lorrains

à vierzon, des familles d'accueil nous racontent leur métier pas comme les autres

14-03-2019

À Vierzon, les assistantes familiales employées par la Fondation Grancher accueillent à leur domicile des enfants retirés à leurs parents biologiques. Rencontre.

La vie de Christelle Bedu va changer. Cette assistante familiale, employée par la Fondation Grancher, rattachée à l’aide sociale à l’enfance, accueillera cette semaine, à son domicile, un petit garçon âgé de huit mois. « Ce sera mon premier accueil permanent. J’ai hâte », dit-elle, en souriant.

Agréée depuis janvier 2018, « je n’avais fait jusqu’ici que du relais, j’ai accueilli des enfants sur des week-ends ou des vacances scolaires. ». De jeunes adultes de 16 ou 17 ans notamment, et même un enfant de 7 ans. Mais cette fois, c’est différent : le petit garçon fera partie de la famille. Il vivra le quotidien de Christelle et de son époux, il rencontrera leurs proches, leurs enfants qui ont déjà quitté le nid familial… « Ce n’est pas pour rien qu’on nous appelle familles d’accueil, c’est parce que notre métier, c’est une histoire de famille », témoigne Muriel Toupet, assistante familiale depuis vingt et un ans.

Des enfants retirés à leurs parents biologiques

Christelle a déjà rencontré le petit garçon à plusieurs reprises. « J’avais un peu d’appréhension à la première rencontre, quand je suis allée le voir à Paris, raconte-elle. Mais il est venu vers moi, et j’ai pu le prendre dans mes bras. » La deuxième fois, « il s’est même endormi dans mes bras », serein. Mais elle le sait, les premiers jours seront peut-être difficiles. « Il peut très bien être perturbé, se réveiller souvent, mais on est prêt. »

Car le bébé pourrait lui être confié pour longtemps. Les enfants, retirés à leurs parents biologiques, le plus souvent sur décision de justice, sont placés en familles d’accueil pour des durées qui peuvent être très longues. Muriel veille par exemple encore aujourd’hui sur un garçon de 12 ans, qu’elle a accueilli dès l’âge de 18 mois.

« Ce qui existe entre nous est très très fort, même s’il sait très bien que je ne suis pas sa maman. D’ailleurs, il m’appelle “tata.” »

MURIEL TOUPET (Assistante familiale)

Les enfants placés « font en effet très bien la différence entre leur famille d’accueil et leurs parents », souligne Audrey Germain, chef de service de l’antenne de Vierzon de la Fondation Grancher.

Mais ces familles d’accueil leur apportent cette stabilité, notamment affective, dont ils ont besoin pour se construire.

Et s’il existe des échecs, des situations qui deviennent parfois invivables pour la famille comme pour l’enfant, comme Muriel a pu en connaître avec un jeune de 7 ans, de belles histoires s’écrivent aussi. Muriel a en effet finalement adopté une petite fille qu’elle a accueillie à l’âge de 18 mois. « Elle était adoptable, alors on a commencé les démarches à ses trois ans. » Aujourd’hui, la petite fille d’autrefois va sur ses vingt ans. Un anniversaire qu’elle pourra fêter en famille, avec sa nouvelle famille. Sabrina Vernade

« Ce n'est pas comme n'importe quel autre métier

Etre assistante familial, « c'est un métier qu'il faut aimer, et qu'il faut choisir », témoigne Muriel Toupet. «On mélange notre vie personnelle et notre vie professionnelle », poursuit Christelle Bedu.

D’ailleurs, avant de passer leur agrément, toutes deux ont commencé par demander l’avis de leur famille, de leur conjoint, de leurs enfants. « Ce n’est pas comme n’importe quel autre métier, où on peut souffler dès qu’on rentre chez soi », note Audrey Germain, chef de service de l’antenne de Vierzon. Là, les bons moments comme les difficultés, c’est le quotidien, et le quotidien de la famille tout entière.

Avec ses conséquences. « Moi, j’ai failli divorcer, et mes enfants ont aussi voulu partir, se souvient Muriel. La situation était devenue telle à la maison, avec un enfant que j’accueillais. Il ne supportait pas les femmes. Je n’en dormais plus. J’ai même dû demander le retrait de l’enfant… »

Une expérience difficile, qu’elle n’a plus jamais connue depuis. Mais elle le sait : « Depuis que je suis assistante familiale, je ne suis plus aussi souvent invitée. J’ai perdu des amis, qui ne comprennent pas mon choix. » Mais, heureusement, « j’en ai conservé d’autres qui, eux, me comprennent, et me soutiennent ».