Association d'Assistants Familiaux Lorrains

Le gouvernement décide de mieux encadrer l’aide sociale à l’enfance

23-01-2020

Paris, le lundi 20 janvier 2020 – Alors que la situation catastrophique de certains foyers d’accueil est régulièrement dénoncée, le gouvernement reconnait des « dysfonctionnements majeurs » dans le fonctionnement de l’aide sociale à l’enfance (ASE).

Le gouvernement fait son mea culpa. Dans un entretien accordé ce dimanche au journal La Croix, Adrien Taqué, secrétaire d’Etat chargé de la protection de l’enfance, reconnait qu’il existe des « dysfonctionnements majeurs » dans le fonctionnement de l’ASE, notamment dans l’encadrement des foyers d’accueil. « Si ce qu’on m’a rapporté est avéré, c’est intolérable ».

Une députée LREM en première ligne

Si la situation des foyers d’accueil des enfants en difficulté est régulièrement dénoncée, c’est un reportage récent de l’émission Zone Interdite qui semble avoir déclenché cette réaction du gouvernement. Diffusé ce dimanche sur la chaine M6, le documentaire, réalisé en caméra caché par des journalistes en immersion, montre la situation déplorable d’un foyer d’accueil près de Dijon. Totalement dépassés, les éducateurs ne parviennent pas à encadrer les enfants qui sont totalement livrés à eux-mêmes, dans des locaux insalubres. Dans ces conditions, les actes de violences et les fugues sont malheureusement monnaie courante.

Ce documentaire choc avait été présenté en avant-première aux députés à l’Assemblée Nationale à l’initiative de Perrine Goulet. Députée LREM de La Nièvre, cette ancienne enfant placée a fait de l’amélioration de l’ASE la priorité de son mandat de député. En 2019, elle a été rapporteur général d’une mission d’information parlementaire sur l’ASE qui a rendu le 3 juillet dernier un rapport qui peut servir de base aux réflexions du gouvernement.

L’Etat doit venir en aide aux départements

Pour beaucoup d’observateurs, l’ASE souffre de la décentralisation. Sa gestion a en effet été confié aux départements et si certains se donnent les moyens d’accompagner réellement les enfants, d’autres se contentent du strict minimum. « La décentralisation engendre autant de politiques d’ASE qu’il y a de départements » explique Perrine Goulet. Pour elle, il est nécessaire que l’État s’investisse plus dans cette mission : « Il faut vraiment que l’Etat revienne aux côtés des départements ».

Une demande qui semble avoir été entendu par Adrien Taqué. Il souhaite notamment renforcer les contrôles opérés sur les foyers. Il demande aux départements de se montrer « plus strict » et d’opérer des « contrôles inopinés » et charge les préfets de lui fournir un état des lieux de la question dans les trois mois. En cas de défaillance des départements, ce sera à l’État d’exercer ces contrôles, via les préfets et l’IGAS (Inspection générale des affaires sociales). Enfin, Adrien Taqué souhaite, d’ici le second semestre 2020, établir un taux national d’encadrement des foyers d’accueil.

Plus de 350 000 mineurs font l’objet d’une mesure de protection en France, dont la moitié sont placés dans des foyers ou des familles d’accueil.

Q.H.