Association d'Assistants Familiaux Lorrains

L’aide sociale à l’enfance de tarn-et-garonne doit faire face malgré le covid-19

23-04-2020

Dans cette crise sanitaire qui impose un confinement, la mission des travailleurs sociaux est délicate. L’association de la Sauvegarde de l’enfance de Tarn-et-Garonne continue malgré tout à veiller sur des mineurs en difficulté.

Quand on applaudit le soir à 20 heures à nos fenêtres, les soignants ne sont pas les seuls que l’on remercie. De nombreux professionnels œuvrent pour le bon fonctionnement de notre société. Les travailleurs sociaux en font totalement partie. L’aide sociale à l’enfance est l’un des services essentiels de la République les plus durement touchés par les conséquences de l’épidémie de Covid-19.

Avec ses pouponnières, ses foyers gérés par des associations, ses familles d’accueil, ses éducateurs et assistantes sociales se déplaçant chez les familles, ce secteur éducatif voit son travail quotidien lourdement entravé par les mesures de confinement en vigueur depuis le mardi 17 mars. En Tarn-et-Garonne, le Conseil départemental a la charge de la solidarité départementale et assure la continuité du service de protection de l’enfance. Les services de milieu ouvert de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) assurent les permanences éducatives auprès des tribunaux et restent en lien avec les jeunes suivis et leurs familles.

Un suivi des situations plus délicat par téléphone

Acteur incontournable dans ces dispositifs d’aide à l’enfance, l’association de la Sauvegarde de l’enfance est en première ligne chaque jour pour épauler les familles d’accueil, veiller sur les enfants en danger dans leur propre famille où la Justice a diagnostiqué des carences éducatives. "Il nous importe de conjuguer la priorité de l’urgence sanitaire avec l’exigence de protection des enfants du danger qui reste la mission primordiale de nos établissements et services, explique Jean-Louis Losson, directeur général de l’association tarn-et-garonnaise. Cependant, les circonstances exceptionnelles actuelles contraignent à des aménagements de sa mise en œuvre qui est actuellement contrariée par le besoin exprimé de protection des salariés qui n’est pas anecdotique. L’impératif de limitation très forte des contacts nous conduit à réorganiser le fonctionnement des établissements et services dans une double approche : préserver la santé des mineurs pris en charge et des professionnels, ainsi que la continuité de la prise en charge. Nous avons donc mis en œuvre et développé le télétravail ainsi que le travail à distance avec les familles, dans le cadre d’entretiens téléphoniques…"

En clair, en foyer ou à l’extérieur, le confinement marque aussi la suspension de nombreux services de protection : les visites d’éducateurs à domicile se sont transformées en appels téléphoniques, les consultations de pédopsychiatrie en foyer sont réduites, les interventions culturelles et sportives sont à l’arrêt.

"Passées les deux semaines de confinement, les choses ont commencé à se tendre"

Mais à distance, ce n’est pas toujours évident de trouver les mots justes. "C’est forcément plus difficile d’évaluer le danger pour un enfant qui est dans une famille suivie, reconnaît Vanessa Tocaben, éducatrice dans le service d’Action éducative en milieu ouverte (AEMO). Le contact direct sur le terrain nous manque pour bien analyser les situations. Mais depuis le début du confinement, nous n’avons pas hésité à intervenir et nous déplacer dans des familles pour régler des problèmes. On ne peut pas tout régler par téléphone."

460 mineurs suivis par l'association Sauvegarde de l'enfance en Tarn-et-Garonne

Dans le service d’action éducative en milieu ouvert (AEMO), ce sont 360 mineurs suivis actuellement dans leur famille. Éducateurs et psychologues accompagnent ainsi des familles en difficulté dans l’éducation de leur enfant. Le service d’accueil familial géré par cette association rassemble 60 familles d’accueil pour 100 mineurs retirés à leurs familles sur décision de justice.

Alors que les crèches et établissements scolaires ont fermé leurs portes, que les établissements médico-sociaux accueillant des enfants ont pour un certain nombre ont suspendu leur accueil, les soupapes de décompression pour les enfants mais aussi pour les parents ont disparu, rendant parfois des situations explosives. "Les deux premières semaines de confinement se sont finalement bien passées. Il nous a fallu régler les problèmes de gardes alternées ou des droits de visite qui ont tous dû être suspendus. Mais dans l’ensemble, les familles ont été compréhensives, reconnaît Benoît Laurent, directeur du service AEMO de l’association tarn-et-garonnaise. Par contre, depuis fin mars les choses se tendent et le vivre ensemble 24h/24 devient explosif. Nous avons des soucis de plus en plus récurrents avec des adolescents que nous suivons. Ils remettent en question l’autorité parentale. On doit traiter des problèmes avec des jeunes qui sortent de chez eux et refusent le confinement en défiant leurs parents. Un placement en foyer a même été nécessaire la semaine dernière après l’intervention des gendarmes dans une famille."

"Lâcher prise sur le travail pour éviter les conflits"

Pour apaiser les conflits dans les familles suivies, les éducateurs doivent identifier les sources de problèmes et y remédier à distance. "Il faut parfois lâcher prise sur le travail scolaire demandé. Toutes les familles ne sont pas équipées informatiquement et n’ont pas la capacité d’accompagner leurs enfants pour faire les devoirs, estime Sarah Poulain, chef du service éducatif de la Sauvegarde de l’enfance Tarn-et-Garonne. Le travail scolaire ne doit pas être une source supplémentaire de conflit et on préfère limiter ce travail à une heure ou deux plutôt que d’y passer la journée et mettre toute la famille en tension."

Dans les familles d’accueil, la montée en pression se fait également sentir avec des droits de visite qui sont désormais interdits. "Je suis épaté par l’ingéniosité et les initiatives dont font preuve les 60 familles d’accueil que j’accompagne en Tarn-et-Garonne, admet Marc Delboë, directeur du service d’accueil familial à l’association. Grâce au travail extraordinaire des éducateurs, on essaie de donner du temps au temps en créant un livre du confinement rédigé par les enfants, on multiplie des liaisons en visioconférence avec les familles tout en s’assurant que l’échange est positif pour l’enfant. Les solutions se trouvent au quotidien."

Le fait d’être confiné, dans les immeubles en particulier, va faire que les situations de violence vont être davantage visibles ou audibles qu’avant. Les citoyens ont l’obligation de signaler les violences au 119.

Une plateforme citoyenne

Le Gouvernement met en place une plateforme de mise en relation d’associations qui expriment des besoins de renfort et de personnes qui peuvent apporter leur concours, tels que les jeunes qui effectuent leur service civique ou les éducateurs sportifs : www.jeveuxaider.gouv.fr.

Cette plateforme pourra permettre à un certain nombre de jeunes volontaires de soutenir les associations de protection de l’enfance et de leur apporter du renfort en cette période de crise sanitaire.