Association d'Assistants Familiaux Lorrains

Assistant familial : un métier de cœur et de raison

19-10-2023

  • "Quel métier faites-vous ?"
  • "Je suis assistant.e familial.e."

Mais que se cache-t-il derrière ce métier encore méconnu de beaucoup d'agents ?

Si l'on s'en tient à la définition institutionnelle du métier, l'assistant.e familial.e est un "travailleur social chargé de l’accueil à son domicile de mineurs ou jeunes majeurs de moins de 21 ans. Il.elle est chargé.e de procurer à l’enfant ou l’adolescent des conditions de vie lui permettant de poursuivre son développement physique, psychique, affectif et sa socialisation." Une définition un peu “brute” qui ne rend pas vraiment compte des coulisses de ce métier. En réalité, être assistant.e familial.e est bien plus que cela et demande une grande disponibilité, un fort investissement professionnel, et une capacité à travailler en équipe, que ce soit avec l'Aide sociale à l'enfance (ASE) ou la famille de l'enfant accueilli.

Angélique, Valérie et Samuel sont assistants familiaux au Département. Ils vous partagent leur engagement quotidien pour ce métier atypique mais essentiel dans l’accompagnement des jeunes confiés à la protection de l'enfance et placés en famille d’accueil.

Angélique Giannini, AssFam depuis 2013

Pourquoi avoir choisi ce métier si particulier ?

Je connais ce métier depuis toujours, ou presque, puisque ma maman est elle-même assistante familiale. J’ai grandi en partageant le quotidien d’enfants placés, que je revois encore aujourd’hui, et c’était une évidence pour moi de suivre un jour le même chemin. J'ai finalement passé mon agrément en 2013, après une première vie professionnelle de coiffeuse !

Vous parlez d’agrément : pouvez-vous nous en dire plus sur le parcours nécessaire aujourd’hui pour exercer le métier d’assistant.e familial.e ?

Le métier se professionnalise et nous bénéficions de plus en plus de formations pour pouvoir accompagner au mieux les jeunes que nous accueillons. Je reviens d’ailleurs de 4 jours de formation en lien avec les troubles du comportement de l’enfant et j’ai également bénéficié d’une formation sur l’accompagnement des adolescents.

Cette professionnalisation du métier est idéale : elle me permet de monter en compétences sur des thématiques particulières et de mettre en place des outils appropriés auprès des jeunes que j'accompagne. Nous avons aussi la chance d’être nous-mêmes accompagnés dans nos pratiques par le Service départemental des assistants familiaux (SDAF) qui nous conseille sur les postures à adopter face aux problématiques rencontrées par l’enfant. Nous ne sommes pas seul.e.s, mais il faut être pro-actif pour créer le lien avec l’équipe qui suit l’enfant.

Justement, comment réussissez-vous à vous intégrer au sein d’une équipe de professionnels que vous ne côtoyez pas régulièrement ?

Pour ma part, j’ai travaillé avec des équipes de différentes Maisons départementales des solidarités (MDS) : Longwy il y a quelques années, Homécourt aujourd'hui, et j’ai toujours réussi à créer du lien avec les professionnels qui suivent les enfants dont j’ai la charge. Une fois par an, nous avons une réunion obligatoire avec eux, pour faire le bilan sur le projet de l’enfant et l'ajuster si besoin. Je suis toujours dans cette démarche d’adapter l’accompagnement des enfants dont j’ai la charge. Ce qui est intéressant, c’est de partager des visions tout en restant dans l’observation, et pas dans le jugement.

Samuel Gosgnach, AssFam depuis 2014 suite à une reconversion professionnelle

Pouvez-vous nous expliquer comment et pourquoi cette reconversion ?

Cela faisait quelque temps que je réfléchissais à arrêter la pâtisserie. Travailler de nuit quand on a des enfants, c'est compliqué pour envisager une vie posée ! Je me suis renseigné sur le métier d'assistant familial et j'ai assisté à une réunion proposée par la Protection maternelle et infantile (PMI) qui m'a aiguillée vers d'autres assistants familiaux avec qui j'ai échangé. Au final, je me suis lancé et je n'ai aucun regret !

C'est une toute autre organisation : il y a beaucoup de trajets à effectuer, d'écoute auprès de l'enfant pour connaître ses besoins, de liens à faire avec l'équipe de professionnels et les parents… Mais je suis heureux et comblé d'accompagner ces enfants.

Métier auparavant quasi strictement féminin, on retrouve de plus en plus d'hommes. Qu'est-ce qui a changé d'après vous ?

Je ne sais pas trop mais, dans mon cas, je n'ai jamais eu de problème et je n'ai jamais ressenti de différences par rapport à cela. Peut-être parce que, de nos jours, de plus en plus d'hommes s'impliquent dans la gestion et dans l'éducation des enfants.

Que diriez-vous à quelqu'un qui hésite à se lancer ?

C'est un métier qui demande l'acceptation de tous les membres de la famille et où il faut connaître ses propres limites par rapport à ce que l'on est prêt à accepter ou pas chez soi. Et certes, on travaille à la maison, mais nous ne sommes pas seuls pour autant. Le SDAF est là pour nous : c'est un travail à la maison mais en équipe !

Valérie Bolognini, AssFam en cumul d'emploi

Vous exercez le métier d’assistante familiale en double activité ; pourquoi ce choix ?

Effectivement, je suis assistante familiale en relais, c’est-à-dire que je garde des enfants les weekends, jours fériés et pendant les vacances de mes collègues. À côté de cela, j’ai créé mon auto-entreprise en tant que secrétaire chez des mandataires judiciaires à la protection des majeurs. La boucle est bouclée, en quelque sorte !

Cela demande une bonne dose d’organisation et des agendas millimétrés mais les deux activités me sont essentielles : la première pour le besoin et l’envie d’aider, la seconde car j’aime le travail administratif et cela me permet de déconnecter de la maison.

Qu’est-ce qui vous plaît dans ce métier ?

On ne peut pas vraiment parler de vocation mais c’est dans mes « tripes » en quelque sorte : j’ai adopté mes enfants, j’ai réalisé du parrainage via une association (accueils bénévoles d’enfants placés), puis je me suis lancée en 2019 auprès du Conseil départemental. C’est un métier passionnant et varié mais ce n’est pas tous les jours faciles. Mais c’est tellement gratifiant quand on ressent le bien-être des enfants ou que l’on voit leurs progrès. Cela donne du sens à notre action, on se dit que c’est « un peu grâce à nous ».

Avez-vous une anecdote à nous partager, quelque chose qui vous a marqué dans ce métier ?

La première fois que j’ai amené l’enfant que j’accueille passer une semaine de vacances en camping. C'était une première pour lui et il n’a cessé de répéter tout au long des vacances que chaque journée était la plus belle de sa vie.

Quand il a vu la mer : « Oh, aujourd’hui c’est le plus beau jour de ma vie ! » Et pareil le lendemain, à la Dune du Pilat. Je lui ai demandé : « Ce n’était pas hier la plus belle journée de ta vie ? » Il m'a répondu : « Si, alors ça sera le deuxième plus beau jour de ma vie ». Et ainsi de suite ! Quand on entend ça, on a les yeux qui pétillent. Cela ne peut que nous donner envie de continuer ce beau métier…