Association d'Assistants Familiaux Lorrains

Partage de la lettre ouverte de la fnaf

31-01-2025

Madame la Première Dame, Monsieur le Premier Ministre, Madame la Ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, Monsieur le Président des Départements de France, Mesdames et Messieurs les Sénateurs et Députés,

Nous vous adressons aujourd’hui une lettre ouverte portée par la Fédération Nationale des Assistants Familiaux et de la Protection de l’Enfance, co-signée par les associations d’assistants familiaux partenaires de la Fédération, représentant 38 départements.

Intitulée « Je dénonce pour la survie et la dignité de la profession d’assistant familial », cette lettre appelle à une prise de conscience urgente et collective de la situation critique dans laquelle se trouve la protection de l’enfance.

Par ce courrier, nous souhaitons attirer votre attention sur les nombreux défis et dysfonctionnements qui menacent le métier d’assistant familial, pourtant essentiel pour l’accueil et le bien-être des enfants qui nous sont confiés. Aujourd’hui plus que jamais, il est impératif de préserver cette profession, qui demeure la solution la plus humaine et adaptée pour offrir un cadre stable et bienveillant à ces enfants.

Nous formulons l’espoir sincère que cette démarche ouvrira la voie à des rencontres constructives et à l’établissement d’un dialogue approfondi entre les acteurs de terrain et les pouvoirs publics. Ensemble, nous pourrons œuvrer à une réforme significative et restaurer la dignité et la reconnaissance de cette profession, tout en renforçant l’efficacité de la protection de l’enfance.

Nous vous remercions par avance de l’attention et de l’écoute que vous accorderez à ce courrier, qui sera largement diffusé dans les jours à venir.

Dans l’attente d’un retour de votre part, nous restons disponibles pour échanger et travailler ensemble à des solutions concrètes.

Veuillez recevoir, Mesdames, Messieurs,

l’assurance de notre haute considération.

Lettre ouverte : Nous dénonçons pour la survie et la dignité de la profession d’assistant familial

À l’attention des plus hautes autorités de l’État, au président des départements de France et aux présidents des conseils départementaux

C’est avec une indignation contenue, mais légitime, que nous, assistants familiaux, vous adressons cette lettre ouverte. Non reconnu comme un véritable travailleur social malgré l’article D142-1 du Code de l’action sociale et des familles, notre métier constitue un pilier essentiel de la protection de l’enfance. Pourtant, les présidents de départements persistent à nous traiter comme de simples exécutants, méprisant notre rôle fondamental dans l’accueil et l’accompagnement d’enfants en grande détresse. Ce mépris, aggravé par une application parcellaire et souvent inexistante de la loi Taquet, plonge notre profession dans une crise sans précédent.

Un métier en souffrance, une loi dévoyée

La loi Taquet, adoptée en 2022 et présentée comme une avancée majeure pour les assistants familiaux, a suscité un espoir immense. Parmi ses dispositions, le droit à un répit mensuel, 48 heures consécutives incluant un samedi et un dimanche – était censé nous offrir une bouffée d’air indispensable. En cas d’impossibilité, une compensation financière équivalente à deux jours de repos était prévue. Mais la rédaction ambiguë de la loi, qui stipule que ces mesures « peuvent » être prévues, offre une échappatoire trop « facile » aux départements.

Sous prétexte de moyens insuffisants ou d’une prétendue désorganisation, ces obligations sont ignorées. Ainsi, un droit pourtant inscrit dans la loi devient illusoire, nous laissant travailler sans relâche, jour et nuit, sept jours sur sept, dans des conditions qui défient toute humanité. Ce manquement institutionnel n’est rien de moins qu’une trahison.

Une charge écrasante, un sacrifice invisible

Chaque jour, nous accueillons des enfants aux parcours marqués par la violence, l’abandon et la précarité. Beaucoup sont porteurs de souffrances immenses, de troubles psychologiques sévères ou de pathologies complexes. Nous leur offrons un foyer sécurisant et chaleureux, mais cet engagement total, exercé au sein même de notre domicile, impacte irrémédiablement nos familles. Nos conjoints, nos enfants biologiques partagent le poids émotionnel et la charge mentale que ce métier impose. L’épuisement nous guette, amplifié par le manque de soutien et de reconnaissance des institutions.

En outre, nous subissons une restriction draconienne à un seul refus d’accueil. Cette contrainte, édictée sans considération pour la complexité de nos missions, menace la stabilité des enfants déjà confiés à nos soins. Elle constitue une violence supplémentaire infligée à des professionnels déjà au bord du gouffre.

Une profession marginalisée et ignorée

Nos compétences, forgées dans l’expérience et le dévouement, sont systématiquement méprisées par les équipes de l’Aide sociale à l’enfance (ASE). Nous sommes relégués au rang d’exécutants subalternes, nos voix ignorées dans les décisions qui concernent les enfants que nous accompagnons au quotidien. Cette marginalisation, conjuguée à une rémunération dérisoire, conduit à une crise profonde : les vocations s’éteignent, les démissions se multiplient et les départs à la retraite ne sont pas remplacés.

En 2010, 54 % des placements d’enfants étaient effectués en famille d’accueil ; aujourd’hui, ce chiffre est tombé à 40 %. Si rien n’est fait, notre profession pourrait disparaître dans une décennie, laissant les enfants livrés à un système institutionnel incapable de leur offrir le cadre bienveillant et sécurisant qu’ils méritent.

Un appel à l’action pour une profession indispensable

Face à cette situation d’une gravité extrême, nous préconisons de façon obligatoire :

1. L’application pleine et uniforme de la loi Taquet sur l’ensemble du territoire national, sans ambiguïté ni compromis.

2. La mise en œuvre effective du droit au répit, soutenue par un recrutement massif et urgent de familles relais pour garantir sa réalité.

3. Une revalorisation immédiate et substantielle de nos rémunérations, accompagnée d’une uniformisation de l’indemnité d’entretien, qui ne saurait être inférieure à deux SMIC et demi brut par jour et par enfant.

4. La reconnaissance officielle des assistants familiaux comme travailleurs sociaux, partenaires à part entière de l’ASE, intégrée dans tous les dispositifs administratifs et juridiques.

5. Un contrôle strict des départements, avec des sanctions financières sévères pour ceux qui manquent à leurs obligations légales.

6. Le retour des assistants familiaux dans le Code du travail, afin de bénéficier des mêmes droits que tout travailleur. Cela inclut des congés sans décompte des weekends, ainsi que des jours fériés payés doubles comme tout salarié.

7. NON à la présomption de culpabilité, l’application du droit à la présomption d’innocence, que les assistants familiaux réclament depuis des années. Trop souvent, des accusations infondées ou des soupçons injustes mènent à des conséquences graves sans qu’une enquête équitable ne soit diligentée et à des retraits d’enfants intempestifs. Nous demandons des procédures claires pour protéger les professionnels et les enfants face à de tels risques. Trop souvent, les enfants sont retirés de manière immédiate et sans précaution de leur figure d’attachement, une pratique brutale qui amplifie leur détresse et compromet gravement leur équilibre affectif et émotionnel. Ces retraits, effectués sans préparation ni soutien adapté, constituent une rupture dramatique pour les enfants, en dépit de l'importance cruciale de la continuité et de la stabilité pour leur développement psychologique. Cette pratique, non seulement injuste mais aussi nuisible, est une atteinte à leur droit fondamental à une stabilité émotionnelle. Cette contrainte, imposée avec une insensibilité et une incompétence désarmante démontre une méconnaissance profonde de la complexité de notre métier, tout en alourdissant encore notre charge mentale.

Une trahison morale en cas d’inaction

Nous avons atteint un point de rupture. L’heure n’est plus aux discours ni aux promesses creuses, mais à l’action immédiate. Chaque jour d’inaction est un jour de trop, un pas supplémentaire vers l’extinction de notre profession. C’est une faute morale et une défaillance historique que de tourner le dos à ceux qui, dans l’ombre, consacrent leur vie à offrir un avenir à des enfants cabossés par la vie.

Nous ne réclamons rien de plus que ce à quoi nous avons droit : le respect de nos engagements, la reconnaissance de notre dévouement et la dignité à laquelle les enfants méritent d’aspirer.

Ne pas agir, c’est condamner ces enfants à l’oubli et sacrifier une profession indispensable. Il est de votre devoir d’agir, et de notre devoir de ne pas cesser de lutter.

Respectueusement, mais résolument,

Les assistants familiaux en lutte pour la dignité, la reconnaissance et la justice. Les associations départementales d’Assistants Familiaux

Asso. Assistants Familiaux de Moulins ADAFDM 03 Asso. Assistants Familiaux Bassin Vichy AAFBV 03

Asso. Assistants Familiaux de l’Angoumois AAFA 16 Asso. Assistants Familiaux Ouest 16

Asso. A CUEILLIR & Cie 16

Asso. Ass Fam 17 Ensemble 17

Asso. Familles Accueil Hautes Alpes AFA 05

Asso. Familles Accueil Ardèche FA 07

Asso. Familles Accueil Basse Ardèche AFABA 07

Asso. Départ. Ass Fam 19

Asso. Ass Fam de Côte d’Or AAF 21

Asso. Juste Pour Nous JPN 24

La Ruche du Périgord 24

Asso. Départ. AssociaUon des Assistants Familiaux de la Drôme AAF 26

Asso. Départ. Ass Fam du Gers ADAAF 32

Asso. Départ. Ass Mat et Fam de l’Hérault ADDAMEF 34

Asso. Ass Fam Indre et Loire ASSASFAM 37

Asso. Assistants Familiaux de l’Isère 38

Asso. Famille Accueil Jura AFAJ 39

Asso. AssociaUon Landaises des Familles Accueils ALFA 40 Asso. Ass Fam et leurs familles du Lot 46

Asso. Assistants Familiaux 49

Asso. Assistants Familiaux de la Marne 51

Asso. Familles d’Accueil de la Mayenne 53 Asso. Ass Fam A’Venir 54 55 57 88

Asso. InformaUon Défense Ass Fam IDAF 56 Asso. La Passerelle 66

Asso. Familles Accueil 68 ASFA 68 assistants familiaux de la CeA et départements limitrophes

Asso. CollecUf Rhodanien Ass Fam et TS CRAFTS 69

Asso. Family Accueil Vendée 85

Asso. Familles Accueil Vendéenne AFAV 85 Asso. Assistants Familiaux 89

Asso. La Main Guadeloupe 971

Asso. Ass Fam Saint MarUn 9715

Asso. MarUniquaise des Assistants Familiaux AMAF 972 Asso. La Grande Famille Guyane 973

Asso. Malezi Mena Mayo]e 976