Association d'Assistants Familiaux Lorrains

"on a besoin d'être reconnu et accompagné", une association pour promouvoir le métier d'assistant familial en côte-d'or

26-05-2025

On manque d'assistants familiaux en Côte-d'Or ! Ces personnes accueillent chez elles des enfants placés par l'ASE. Un métier mal connu et qui peine à attirer d'où la création en 2024 d'une association des assistants familiaux. Son vice-président Philippe Prudhomme est notre invité.

La Côte-d'Or manque d'assistants familiaux, des personnes indispensables pour accueillir chez elle des enfants placés à l'ASE, l'aide sociale à l'enfance. Un métier qui a du mal à attirer parce que mal connu, mal perçu, mais qui peut désormais compter sur l'AAF 21, l'association des assistants familiaux de Côte d'Or, pour changer son image et promouvoir ce métier. On en parle avec notre invité, Philippe Prudhomme le vice-président de l'AAF 21.

ICI Bourgogne : qu'est-ce qui vous a poussé à vous engager dans ce métier ?

Philippe Prudhomme : ce qui m'a poussé à m'engager, c'est de travailler avec les enfants. J'ai été vingt ans éducateur technique spécialisé. Nous sommes un couple d'assistants familiaux. Et il y en a de plus en plus, de plus en plus d'hommes et de plus en plus de couples. Ce qui m'a poussé, c'est redonner encore du sens à ma vie et aider ses enfants. Avoir le plaisir de redonner le sourire à ses enfants.

Votre femme et vous, vous accueillez en ce moment deux petites filles. À quoi ressemble le quotidien d'un assistant familial ?

Le quotidien d'un assistant familial, ça ressemble un petit peu à ce que l'on fait avec nos propres enfants, à part que là, on le fait dans un cadre professionnel, avec l'envie d'accompagner au mieux ces enfants qui ont connu des situations compliquées, pour la plupart des maltraitances, toutes sortes de maltraitances. Des parents qui ne sont plus à la hauteur, qui sont un petit peu dépassés, mais beaucoup de violences entre autres.

Comment êtes vous formé pour faire ce métier ? Est-ce qu'on doit obtenir un agrément ?

Oui on doit obtenir un agrément qu'on passe avec les services de la PMI. Cet agrément est valable pour cinq ans. Vous suivez également des formations, une fois qu'on a cet agrément, on a une formation obligatoire de 240 heures qui aujourd'hui va être réformée bientôt au mois de septembre. C'est une formation diplômante, où on peut avoir le DAEF, le diplôme d'état d'assistant familial et donc on est de plus en plus professionnel, et ça, ce n'est encore pas perçu par la plupart des gens du métier.

Est-ce que c'est ce manque de reconnaissance avec ces institutions avec lesquelles vous travaillez, le Département, l'Aide sociale à l'enfance, qui bloque aujourd'hui ? Qu'est-ce qui fait qu'on a du mal à recruter des assistants familiaux ?

C'est un peu un tout. On a quand même une mauvaise image qui est véhiculée, entre autres, parce qu'on parle souvent de maltraitance d'un assistant familial par rapport à un enfant. Et moi, ce que je veux surtout dire, c'est que les 288 assistants familiaux de Côte-d'Or font un magnifique boulot, tous les jours, dans des conditions souvent très difficiles. Et c'est là où l'association, nous, on veut montrer que ce travail est un travail utile et qu'il n'a pas besoin d'être sali par des affaires comme ça, quoi.

Vous le disiez, il y a des petites et grandes satisfactions, mais le quotidien est compliqué aussi parce que les situations de ces enfants sont compliquées. Qu'est-ce qui vous fait tenir, justement ?

Moi je voudrais vous citer pour aller plus vite, au lieu de faire de grandes phrases : nous accueillons deux enfants, deux petites filles à la maison. Et dernièrement, quand on était en train de jouer avec ma femme, avec la plus petite, la plus grande est venue vers nous, a pris dans ses bras l'autre petite fille, s'est blottie contre moi, m'a regardé et m'a dit « Tonton, tata, on est une famille. » Et ça, je peux vous dire, c'est la plus belle récompense qu'on peut avoir. Alors, ça marche pas à tous les coups, parce que les accueils qu'on a sont de plus en plus compliqués. On a des accueils pour lesquels on n'est plus formés.

C'est un manque d'accompagnement des assistants familiaux ?

Pas forcément, non, ce sont les pathologies qui sont de plus en plus dures, de plus en plus lourdes. Vous avez quand même des assistants familiaux qui, aujourd'hui, peinent beaucoup, sont très fatigués. Parce qu'on a un manque crucial de possibilité de prendre des repos.

Par exemple, ces deux petites filles, elles sont avec vous 24h sur 24, tous les week-ends. Comment ça se passe pour les congés ? Vous partez ensemble ?

Ah non, on aimerait ne pas partir ensemble, donc on ne part pas ensemble. Mais non, on a besoin de vraies vacances. Vous ne partez pas avec vos dossiers. Nous, on aimerait ne pas partir avec. Et nombre de collègues ont des difficultés à prendre leurs vacances, à prendre leurs week-ends. Je vais vous donner un exemple : pour l'instant, on arrive à prendre un week-end par mois et on prend deux semaines de vacances par mois.

Ce message-là, est-ce que le département, est-ce que tous les services qui travaillent avec vous l'entendent ? Qu'est-ce qu'ils vous répondent ?

Nous avons eu la chance d'être reçus par Mme Coint qui est la vice-présidente du Département. On lui a fait part, et elle était très très au courant de ça. Et donc, avec l'association, c'est les premiers travaux qu'on va engager. Parce qu'on fait des constats. mais on est fort de propositions. Et ça, ça a été très bien perçu par les services de l'ASE. Et on commence à travailler avec eux et on fait plein de propositions sur des problèmes que nous font remonter les assistants familiaux au sein de cette association. Et je précise bien, de tous les services, les quatre services du département.