Psychiatrie et protection de l'enfance ne travaillent pas assez ensemble, déplore la has
02-06-2025
Par Le Figaro avec AFP
Or, les enfants et adolescents placés par l’Aide sociale à l’enfance risquent particulièrement de développer des troubles mentaux.
Assurer la sécurité, la santé affective et physique d’un enfant : une seule et même mission ? Du moins, trois grandes missions qui pourraient être davantage coordonnées si la protection de l'enfance, d'un côté, et les services de pédopsychiatrie, de l'autre, travaillaient davantage ensemble, a plaidé ce lundi la Haute autorité de Santé (HAS), qui formule une large série de recommandations. «Les services de protection de l'enfance et de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent interviennent encore trop souvent de façon cloisonnée», résume la HAS dans ces recommandations publiées sur son site.
La protection de l'enfance, principalement mise en œuvre par l'Aide sociale à l'enfance (ASE), comprend notamment les dispositifs de placement, quand la sécurité ou la santé d'un mineur sont menacés dans son foyer d'origine. Or, les enfants et adolescents concernés risquent particulièrement de développer des troubles mentaux, comme le rappelle la HAS. Pourtant, ils sont insuffisamment suivis par les services de psychiatrie dédiés aux mineurs.
Méconnaissance réciproque, difficulté de suivi
Plusieurs facteurs expliquent ce manque de coordination. La HAS cite «une insuffisance en terme d'échange (...) dans les deux sens» et une «méconnaissance réciproque des professionnels.» Elle évoque aussi la difficulté de mettre en place un suivi continu alors que les enfants et adolescents concernés sont souvent ballotés d'un lieu d'accueil à un autre.
L'institution émet une large série de recommandations, qui vont du diagnostic au suivi lui-même, jusqu'aux cas où une hospitalisation est requise.
Intégrer les troubles psychiques au bilan de santé
La Haute autorité insiste en particulier sur la nécessité d'intégrer les troubles psychiques au cours d'un bilan de santé effectué dans le mois suivant l'entrée de l'enfant dans le dispositif de protection de l'enfance. Théoriquement obligatoire, cette consultation est dans les faits largement occultée. «Il est également recommandé qu'une rencontre soit programmée avec un psychologue de la protection de l'enfance pour chaque enfant ayant une mesure de protection», explique la HAS dans un communiqué.
Parmi les mesures destinées à décloisonner les différents services, l'autorité suggère d'établir un référent dans chaque service psychiatrique dédié aux enfants et aux adolescents, afin qu'il soit chargé des contacts avec la protection de l'enfance.
Ces recommandations interviennent alors que la protection de l'enfance, tout comme les services de pédopsychiatrie, font face à un manque criant de moyens qui, selon nombre de professionnels, affecte lourdement leur fonctionnement. Pour la première fois, néanmoins, un centre de santé doit être bientôt consacré spécifiquement aux mineurs de la protection de l'enfance. Fruit d'un projet porté par Céline Greco, chef de service à l'hôpital Necker et ancienne enfant placée, il doit ouvrir à l'automne à Paris et comprendre des équipes de psychiatrie.