Victime de violences pendant son enfance, ophélie sort la tête de l'eau
22-09-2025
Victime de violences familiales, Ophélie a été élevée par une famille d'accueil. Diplômée d'une école d'infirmière, elle publie un livre qui raconte son parcours chaotique.
Par Benoît GalleyPublié le 9 juil. 2025 à 16h16
« Ce livre, c’est une libération ! » Ophélie Lailler, 23 ans, a passé trois ans à écrire son premier ouvrage, Larmes d’hier, force d’aujourd’hui. Originaire de Pont-Audemer (Eure), Ophélie a été élevée à partir de 8 ans dans une famille d’accueil de Manneville-sur-Risle. Elle réside aujourd’hui à Montreuil-l’Argillé et exercera prochainement le métier l’infirmière.
À l’école avec une épaule déboîtée
L’enfance d’Ophélie n’a pas été un long fleuve tranquille. Loin de là. Quatrième de la fratrie de cinq enfants, elle a très peu de souvenirs de ses trois frères aînés. Ils avaient rapidement été placés par l’Aide sociale à l’enfance (ASE) dans des familles d’accueil. Pour certains, c’était dès l’âge de neuf mois. Il faut dire que la situation familiale était très complexe :
Mon père était absent et ma mère, qui n’a pas été diagnostiquée comme schizophrène ou bipolaire, était alcoolique. Elle était incapable de nous élever.
Ophélie Lailler
Petite fille, Ophélie doit s’occuper de sa petite sœur et se rend rarement à l’école. « J’étais livré à moi-même. Il fallait que j’aille chercher les cigarettes et l’alcool pour ma mère », se souvient-elle. Pire, les deux fillettes sont victimes de violences physiques de leur mère. « Il m’est arrivé d’aller à l’école avec une épaule déboîtée. »
En 2010, Ophélie et sa petite sœur sont placées dans une famille d’accueil à Manneville-sur-Risle. « On a été accepté très vite par toute la famille. Il n’y avait aucune différence de traitement entre les enfants », remarque-t-elle. Deux enfants déjà placés par l’ASE ainsi que la fille de la famille d’accueil étaient présents dans la maison. Chez leur « nouvelle maman » qu’elles appellent « nounou », Ophélie et sa sœur découvrent les voyages pour les vacances et les repas de famille.
École d’infirmière
Ophélie reprend assidûment le chemin de l’école, en primaire, puis au collège. Il lui faudra quelques mois pour s’habituer aux règles : « J’avais beaucoup de difficulté de concentration et de discipline. » Puis, elle se dirige vers un lycée professionnel pour passer un bac ASSP (Accompagnement, soin et service à la personne) : « Je voulais travailler dans le social ou le médical. » C’est après un stage qu’Ophélie a eu un déclic : elle sera infirmière !
Après son bac, elle a pris la direction de l’école d’infirmière pour obtenir son diplôme. « Pendant toute ma scolarité, j’ai entendu les profs me dire que je n’y arriverai pas car je venais de la Ddass (devenu l’ASE). Cela montre que tout le monde peut se relever ! »
Durant son enfance et adolescence, elle a continué de voir sa mère. Jusqu’en avril 2024, date de son décès. « C’est triste à dire mais je pense qu’elle est mieux là où elle est ». C’est à l’enterrement de sa mère qu’elle a fait la connaissance de son père, qu’elle cherchait depuis son adolescence. « Il n’explique pas les raisons de son absence lorsque j’étais enfant. C’est compliqué car il a aussi d’autres enfants que mes frères, ma sœur et moi », remarque Ophélie.
D’ici quelques semaines ou mois, après avoir obtenu son permis de conduire, elle pourra officiellement exercer. En attendant, elle présente son livre, comme fin juin, avec Isabelle Duong, la maire de Manneville-sur-Risle. Et elle planche déjà sur un second ouvrage : « Je n’ai pas encore lu tout mon dossier de l’ASE », conclut-elle.
Pratique : Larmes d’hier, force d’aujourd’hui, aux éditions BoD. Disponible sur Amazon, la Fnac (en commande). Prix : 19,99 €.