Association d'Assistants Familiaux Lorrains

Protection de l’enfance : faute de places, le gouvernement veut mettre les enfants maltraités chez des proches

29-12-2025

IMMENSE CHANTIER•Alors que le système est au bord de l’explosion, un plan a été dévoilé pour tenter d’améliorer l’accueil des enfants

L'essentiel:

Alors que l’Aide sociale à l’enfance est débordée, le gouvernement présente un plan à moyens constants.

Le placement chez des proches sera obligatoirement étudié pour les enfants maltraités.

Le gouvernement espère atteindre « un objectif de stabilité affective » pour les enfants.

La situation est dramatique. Alors que le nombre de signalements pour mauvais traitements ne cesse de progresser, la France n’arrive pas à protéger ses enfants. Submergée, l’Aide sociale à l’enfance ne peut répondre aux innombrables demandes de placement et doit laisser des enfants dans des environnements toxiques, voire dangereux. « Une honte », criait une députée au printemps. Le constat n’est pas nouveau mais semble se dégrader au fil des années, poussant le gouvernement à se pencher sur un grand plan. Un projet de loi de refondation est en cours de préparation et sera examiné en Conseil des ministres « au premier semestre 2026 », annonce la ministre de la Santé et des Familles Stéphanie Rist.

Etabli avec le ministère de la Justice, le texte devrait se découper en quatre mesures phares. La plus marquante semble le recours plus systématique aux proches des enfants plutôt pour éviter de les placer dans des foyers ou des familles.

Un choix qui n’étonnera personne, d’autant qu’il se fera « sans ouvrir d’enveloppe budgétaire spécifique », préviennent les deux ministères. Les moyens étaient pourtant attendus. Car dans notre pays, des milliers d’enfants sont maintenus à domicile, malgré une ordonnance de placement. « On n’a plus de place. On doit parfois installer des matelas dans des salles de bain ou dans le salon », nous confiait récemment un éducateur de l’Aide sociale à l’enfance (ASE). Sans moyen, le ministère de la Santé propose « de recourir plus systématiquement en première approche à l’entourage de l’enfant » avec « un objectif de stabilité affective ». Il sera désormais « obligatoire de tenter d’identifier un tiers digne de confiance ayant déjà un lien affectif avec l’enfant, qu’il soit de la famille ou non ».

Une modernisation du métier d’assistant familial

Alors que les conseils départementaux ont de plus en plus de mal à recruter des familles d’accueil, le gouvernement prévoit de « moderniser » la profession d’assistant familial. La possibilité de cumul d’activités sera accrue et certaines conditions d’agrément seront « assouplies ». Les antécédents judiciaires seront systématiquement vérifiés.

Le reste du projet de loi est beaucoup plus flou. S’il faut lui reconnaître de bonnes intentions, on peut s’étonner du manque de mesures concrètes. « Renforcer l’accompagnement éducatif et psychologique », d’accord, mais avec quels moyens ? Le gouvernement entend également offrir des parcours « moins fragmentés » aux enfants. Notamment aux tout-petits, qui seront davantage suivis à leur sortie de la pouponnière. « Lorsque le retour en famille est durablement impossible, des solutions d’accueil pérennes seront privilégiées », assurent Gérald Darmanin et Stéphanie Rist.

Près de 400.000 enfants concernés

Les deux ministres ambitionnent également de « clarifier les responsabilités au service des enfants protégés » entre l’État, les départements et la justice. Sans que l’on ne sache encore comment. « Les enfants ont besoin d’un horizon dans lequel se projeter, pas d’un provisoire qui dure », conclut la ministre de la Santé

Près de 400.000 enfants relèvent aujourd’hui de la protection de l’enfance, soit une hausse des prises en charge de 50 % en vingt ans. Seulement 12 % des enfants placés obtiennent leur baccalauréat.